J’ai poursuivi ma lecture de livre «écolo» en parcourant les pages de «La planète du héron bleu - 30 ans pour sauver la biodiversité» (2021) de Jean-Pierre Rogel. Ce journaliste scientifique d'expérience a choisi un ton différent pour passer son message. Il évite l'annonce de l'apocalypse à venir, il préfère les nuances. Puis il souligne que les individus protègent ce qu'ils connaissent. Rogel fait alors le pari de nous transmettre des concepts et des infos en nous présentant des êtres vivants dans leur écosystème pour nous les faire connaître; le héron, les palourdes, Ernestine le papillon, les pics, le dragon de Komodo, les orques, le monarque, le loup gris et bien d'autres. Cette façon de procéder et son écriture nous mettent dans de bonnes dispositions pour assimiler l'information. C'est du «nature writing» écologiste...
Rogel n'a pu éviter de définir de quoi il est question lorsque l'on parle de la «biodiversité». Il mentionne qu'elle se fonde sur trois paliers, les espèces, les écosystèmes puis les gènes pour exprimer la «sélection naturelle» de Darwin. Les trois étant, bien évidemment, interreliés. Toutefois, j'apprécie davantage sa définition courte et plus punchée : la biodiversité c'est la nature!
C'est ainsi qu'il aborde les différents aspects de la dégradation de la nature. Mais il ne manque pas de souligner que les mesures de protection mises en place au fil des ans ont souvent été efficaces, une indication que nous pouvons y arriver. La diminution drastique de la présence des différents pollinisateurs et en particulier les abeilles et une des premières alarmes qu'il met de l'avant. En parlant des Pics qui creusent des cavités dans des chicots que nous devons laisser debout, cavités qui seront réutilisées par d'autres espèces, il y va de cette analogie «il faut conserver les acteurs et le décor de la pièce». Au sujet du Dragon de Komodo (Varan bigarré) et des Loups gris, il en profite pour souligner que les grands mammifères prédateurs ont besoin de grands espaces et qu'il nous faut garder des forêts intactes. Des éléments à prendre en compte lors de l'établissement d'aires protégées. Les Orques et les Saumons sont l'occasion pour l'auteur de rappeler qu'il faut aussi protéger des aires maritimes et voir à réduire le bruit des bateaux. Rogel aborde par la suite la disparition des milieux humides qu'ils soient naturels ou artificiels, les menaces des changements climatiques notamment dans le Grand Nord, la fragmentation des habitats qui nuit grandement aux espèces migratrices, le trafic et la vente des animaux sauvages, etc., pour passer ensuite à la solution à privilégier.
L'auteur nous fait part de son admiration d'Aldo Leopold, universitaire américain, ingénieur forestier et homme de terrain dont il préconise l'approche ou la «perspective éthique» de la nature. On doit mettre de côté l'anthropocentrisme, le biocentrisme qui privilégie les espèces pour adopter plutôt «l'écocentrisme», c'est-à-dire une vision de la nature qui pense d'abord aux écosystèmes. Il cite Leopold pour insister sur le fait que l'humain fait partie d'une communauté écologique qu'il faut respecter et apprécier l'interdépendance des membres... dont l'Écureuil roux.
Fort de cette approche, Rogel nous rappelle que les premières mesures de conservation visaient les espèces menacées, mais ce n'était pas suffisant, il fallait également que la communauté internationale préserve les habitats, puis les écosystèmes. Étant donné que ces éléments sont dynamiques, il est maintenant question de «processus écologiques fondamentaux» à protéger. Le principal moyen qui fait consensus pour conserver ces «processus écologiques fondamentaux» est la mise en place d'aires protégées. Quelle superficie de la planète protégée? La communauté internationale s'est engagée pour 30% des terres et des océans d'ici 2030 et envisage 50% de protection d'ici 2050... d'où le sous-titre de l'ouvrage «30 ans pour sauver la biodiversité».
J'avoue que les derniers chapitres (11 à 13) sont plus ardus, on y a perdu l'atmosphère spéciale des premiers chapitres plus proches de la nature... D'autre part, le chapitre 14 sur les zoonoses aurait pu être joint à la deuxième partie, il donne l'impression d'un ajout de dernière minute qui brise le rythme de la conclusion du chapitre précédent. Devant la dégradation rapide de la biodiversité, attaquée de tous les côtés, nous avons le devoir de reprendre contact avec la nature dont nous faisons partie. Le respect qu'elle impose nous incitera à passer à l'action.
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