mercredi 18 juin 2025

L'intelligence des oiseaux - Entre stratégie collective et génie individuel de Valéry Schollaert


Un autre bouquin s'est récemment ajouté au thème des capacités cognitives des oiseaux: «L'intelligence des oiseaux - Entre stratégie collective et génie individuel» (2024) de Valéry Schollaert. Ce dernier est un ornithologue expérimenté et reconnu qui a parcouru le monde pour observer et étudier les oiseaux. Il a également développé une formation en ligne en ornithologie.


Ce livre aborde la question de «l'intelligence des oiseaux» différemment des autres que j'ai pu lire sur le sujet. En fait, il est davantage question des comportements habituels des oiseaux qui, selon Schollaert, témoignent justement de leur «intelligence» et ce, tant au niveau collectif qu'individuel. C'est justement ainsi que l'auteur a structuré son livre en nous présentant d'abord des «comportements individuels» faisant preuve d'une intelligence particulière, puis des «comportements collectifs» qui exposent le génie des oiseaux. Il termine en nous proposant un tour d'horizon des «comportements intelligents» spécifiques à différentes espèces ou familles d'oiseaux essentiellement européen.

L'auteur nous décrit des comportements «intelligents» en matière de stratégies d'alimentation, comme ces oiseaux qui utilisent un morceau de pain comme appât pour pêcher. Il nous présente également le cas des corneilles qui utilisent la circulation automobile pour briser des noix, un comportement qui démontre une certaine compréhension de la causalité. Des exemples qui illustrent comment les oiseaux peuvent adapter leurs comportements pour accéder à de la nourriture en faisant preuve d'innovation. Ici, on pourra se référer à l'ouvrage de Louis Lefebvre «Tête de linotte - innovation et intelligence chez les oiseaux» (2023), qui analyse l'aspect de l'alimentation en profondeur et sur une longue période. On notera que Valéry Schollaert n'indique pratiquement aucune référence dans son livre.

Il aborde par la suite la migration comme un comportement qui démontre «l'intelligence collective» des oiseaux. En effet, les oiseaux migrateurs parcourent de grandes distances et plusieurs espèces le font en formation, souvent en V, ce qui leur permet d'économiser de l'énergie. Les oiseaux vont également adapter leur itinéraire en fonction de certains signaux météo. Ces façons de faire supposent une certaine coopération et une sorte  partage des responsabilités, ce qui témoigne d'une forme «d'intelligence collective». Pour en apprendre plus, je vous suggère l'ouvrage «Migration - Pourquoi et comment migrent les oiseaux» (2021) de Marc Duquet.

Schollaert poursuit en nous décrivant des comportements liés à la reproduction, notamment ce qu’il est convenu d'appeler les parades nuptiales précédant la formation des couples chez plusieurs espèces d'oiseaux. Ces parades sont très variées, elles peuvent se manifester de façon sonore et/ou visuelle.  On verra des espèces procéder à des voltiges incroyables, d'autres s'exprimeront par des danses curieuses exposant leurs habiletés et leur plumage. Ces chants et mouvements remplissent différentes fonctions, dont s'assurer que l'accouplement se fait entre individus de la même espèce. Ils pourront également stimuler et synchroniser le comportement reproducteur des partenaires.

À cela s'ajoutent d'autres formes de communication liées aux vocalisations des oiseaux. Elles se divisent en deux grandes catégories : les chants, généralement plus élaborés et mélodieux, et les cris, souvent plus courts et plus simples. Comme nous venons de le mentionner, les chants jouent un rôle important dans la reproduction, mais ce sera également le cas pour la défense du territoire.  Les cris, pour leur part, vont plutôt servir d'alertes et les différentes modulations de ce cri peuvent même préciser la nature de la menace.

L'auteur nous glisse aussi quelques exemples de construction de nids qui relève d'une architecture remarquable, ce qui, pour Schollaert démontre «l'intelligence des oiseaux». Il ajoute que certaines espèces adaptent leurs techniques aux matériaux disponibles et aux contraintes environnementales dans la construction de leurs nids. Ce qui m'amène à soulever ma principale réserve à l'égard de son approche. Ce que font aujourd'hui les oiseaux en matière de stratégies d'alimentation, de reproduction, de communication, de déplacement migratoire, ne relève-t-il pas davantage de l'adaptation, de la sélection naturelle qui s'en suit et donc de l'évolution des espèces plutôt que de «l'intelligence».

Je ne m'attarderai pas à son tour d'horizon des comportements de nature intelligente des espèces d'oiseaux européens, sauf pour souligner que l'auteur reprend ce que l'on souligne généralement au sujet des corvidés. Les Corbeaux et les Corneilles sont présentés comme étant parmi les oiseaux les plus  «intelligents». Il revient sur leur capacité à utiliser et à fabriquer des outils.  Il sera question du fameux Corbeau calédonien qui est capable de compléter une série d'étapes et d'utiliser différents outils pour parvenir à obtenir la nourriture qui l'attend au bout du trajet. On nous rappellera que la  création d'outils par cette espèce d'oiseau a été observée en milieu naturel et pas seulement en laboratoire.

L'ouvrage «L'intelligence des oiseaux» de Valéry Schollaert nous offre un survol des capacités cognitives des oiseux en les mettant en évidence via leurs comportements. Vous pouvez également lire la page Wikipedia portant sur l'intelligence des oiseaux pour obtenir un bref survol:

  https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_des_oiseaux 

Toutefois, je crois que les livres de Jennifer Ackerman, «Le Génie des oiseaux» (2017) et «La voie des oiseaux» (2020),  vous en apprendrons davantage, tout en vous donnant les clés pour aller encore plus loin si vous le souhaiter.


mercredi 16 avril 2025

Darwin, le dernier chapitre de Michel Moatti


Je viens de compléter la lecture de «Darwin, le dernier chapitre» de Michel Moatti, un roman (ou récit) historique publié en 2024. Ce livre a reçu le Prix Max Gallo du roman historique la même année. Le roman est largement inspiré des carnets de voyage de Darwin et du journal de bord du capitaine Robert FitzRoy. L'auteur y entremêle habilement des faits historiques et des éléments fictifs pour offrir une reconstitution vraisemblable de cette expédition.


Je me permets ici une parenthèse pour brièvement raconter la petite histoire des carnets de Darwin qui ont permis la réalisation de ce projet d'écriture de Moatti. Durant le voyage du Beagle (1831-1836), Darwin prit des notes dans quinze carnets. En l'an 2000, deux petits carnets de Darwin ont été retirés des archives de la bibliothèque de l’Université de Cambridge pour être photographiés, mais ils ont subrepticement disparu. Il est facile d'imaginer que ces carnets ont une valeur inestimable sur le plan scientifique et historique. D'ailleurs, un de ces carnets contient «l'arbre de la vie» dessiné par Darwin, un croquis fondamental dans le développement de sa théorie de l’évolution. Pendant un certain temps, l'université a cru qu’ils avaient simplement été mal rangés dans l'immense collection de la bibliothèque. Finalement, en 2020,  la bibliothèque a officiellement déclaré la disparition des carnets et a lancé un appel au public pour les retrouver en considérant qu'il pouvait s’agir d’un vol. Et bien, croyez-le ou non, deux ans plus tard, contre toute attente, les carnets ont été retrouvés dans un sac de magasinage rose déposé anonymement à l’intérieur de la bibliothèque, avec un mot disant simplement - «Librarian, Happy Easter».  Aujourd'hui, les carnets sont en sécurité et ils ont été numérisés pour être consultables en ligne. Cette histoire rocambolesque est devenue l’un des cas de disparition d’archives les plus bizarres du monde universitaire.

Alors, le récit débute en décembre 1831, lorsque le HMS Beagle quitte Plymouth pour une expédition de cinq ans autour du monde. À son bord se trouve Charles Darwin, un jeune naturaliste de 22 ans invité par le capitaine Robert FitzRoy afin de lui tenir compagnie et de l'aider à surmonter la mélancolie des longs voyages. Il lui avait été recommandé par un ami d'un ami. Ce voyage mènera le navire en Terre de Feu, en Patagonie et au-delà. C'est ce voyage qui permit à Charles Darwin de recueillir les matériaux de sa future théorie de l’évolution. Moatti intègre du mystère dans le volet fictif  de l'aventure. Il y aura des événements étranges, des disparitions, des hallucinations et aussi l'ombre du précédent capitaine qui s'est suicidé, qui planera sur l'équipage. Malgré cette ambiance et le mal de mer, Darwin collecte des spécimens et consigne ses observations. Beaucoup de spécimens, des insectes, des plantes, des oiseaux, des poissons, des mammifères, qu'il expédie en Angleterre dès qu'il en a l'occasion.
Le Darwin habituel











Le Darwin à bord du HMS Beagle
 L'auteur veut nous faire voir et entendre un jeune Darwin, et non pas le vieux savant barbu auquel l’imaginaire collectif est habitué. Ainsi, il utilise certains personnages pour mettre de l'avant les tensions entre science et religion. Il tente de faire ressortir les défis intellectuels et psychologiques auxquels Darwin est confronté. Il est tiraillé entre son éducation religieuse et les doutes que ses observations font naître en lui. Peut-il vraiment remettre en question l’ordre divin? Notre jeune Darwin est parfois dépassé par l’étrangeté du monde qu’il découvre. À cela s'ajoute la vie à bord d'un petit navire, les conditions de voyage sont rudes et les marins, superstitieux, se méfient de Darwin et de ses collections de bestioles.

Même si Moatti à une belle plume qui se lit bien que l'intégration des extraits de carnets, de lettres, et de réelles réflexions de Darwin est réussie, de mon point de vue, il n'arrive pas à créer de suspense. On demeure plutôt dans un documentaire romancé d’un grand voyage scientifique. Quoiqu'il explore davantage les doutes de Darwin face à ce qu'il découvre. Il fait vivre Darwin pour le lecteur. Malheureusement, la rigueur historique de Moatti fait en sorte que le récit est lent et perd l'attention du lecteur. Il y a parfois de longues descriptions, des monologues et peu de rebondissements avant les derniers chapitres. Ce n’est qu’à la fin que le roman installe un peu de tension. C’est là que certains événements mystérieux sont élucidés. Je m'attendais à plus d'intrigue autour du personnage central que devait être Darwin. Si vous êtes un fan de Charles Darwin, vous avez là une nouvelle version d'une partie de sa biographie avec un accès à ce qui se passe dans sa tête. 


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The Complete Work of Charles Darwin Online

https://darwin-online.org.uk/




mardi 15 avril 2025

Un nouveau site web au sujet de la prévention des collisions entre les oiseaux et les bâtiments


L'Alliance pour la prévention des collisions avec les oiseaux est une coalition d'agences, de groupes de conservation, de scientifiques, d'architectes, de chefs d'entreprise, de professionnels de la santé et de membres de la communauté engagés à rendre l'environnement bâti plus sûr pour les oiseaux. Lancée en 2024, l'Alliance a travaillé ensemble pour promouvoir de nouveaux traitements des fenêtres, des pratiques d'éclairage responsables et une action collaborative. L'Alliance vient de lancer un nouveau site web rassemblant des informations sur cette question, avec des sections sur les raisons pour lesquelles les oiseaux frappent les vitres, les solutions (y compris les traitements des fenêtres, les recommandations en matière d'éclairage et d'aménagement paysager, la manière de s'impliquer, et la conception générale de la sécurité des oiseaux), un engagement du public à agir, des médias pour sensibiliser, des FAQ, et plus encore.

Le site web:

Bird Collision Prevention Alliance - Help Keep Birds Safe From Collisions

https://www.stopbirdcollisions.org