Un autre bouquin s'est récemment ajouté au thème des capacités cognitives des oiseaux: «L'intelligence des oiseaux - Entre stratégie collective et génie individuel» (2024) de Valéry Schollaert. Ce dernier est un ornithologue expérimenté et reconnu qui a parcouru le monde pour observer et étudier les oiseaux. Il a également développé une formation en ligne en ornithologie.
Ce livre aborde la question de «l'intelligence des oiseaux» différemment des autres que j'ai pu lire sur le sujet. En fait, il est davantage question des comportements habituels des oiseaux qui, selon Schollaert, témoignent justement de leur «intelligence» et ce, tant au niveau collectif qu'individuel. C'est justement ainsi que l'auteur a structuré son livre en nous présentant d'abord des «comportements individuels» faisant preuve d'une intelligence particulière, puis des «comportements collectifs» qui exposent le génie des oiseaux. Il termine en nous proposant un tour d'horizon des «comportements intelligents» spécifiques à différentes espèces ou familles d'oiseaux essentiellement européen.
L'auteur nous décrit des comportements «intelligents» en matière de stratégies d'alimentation, comme ces oiseaux qui utilisent un morceau de pain comme appât pour pêcher. Il nous présente également le cas des corneilles qui utilisent la circulation automobile pour briser des noix, un comportement qui démontre une certaine compréhension de la causalité. Des exemples qui illustrent comment les oiseaux peuvent adapter leurs comportements pour accéder à de la nourriture en faisant preuve d'innovation. Ici, on pourra se référer à l'ouvrage de Louis Lefebvre «Tête de linotte - innovation et intelligence chez les oiseaux» (2023), qui analyse l'aspect de l'alimentation en profondeur et sur une longue période. On notera que Valéry Schollaert n'indique pratiquement aucune référence dans son livre.
Il aborde par la suite la migration comme un comportement qui démontre «l'intelligence collective» des oiseaux. En effet, les oiseaux migrateurs parcourent de grandes distances et plusieurs espèces le font en formation, souvent en V, ce qui leur permet d'économiser de l'énergie. Les oiseaux vont également adapter leur itinéraire en fonction de certains signaux météo. Ces façons de faire supposent une certaine coopération et une sorte partage des responsabilités, ce qui témoigne d'une forme «d'intelligence collective». Pour en apprendre plus, je vous suggère l'ouvrage «Migration - Pourquoi et comment migrent les oiseaux» (2021) de Marc Duquet.
Schollaert poursuit en nous décrivant des comportements liés à la reproduction, notamment ce qu’il est convenu d'appeler les parades nuptiales précédant la formation des couples chez plusieurs espèces d'oiseaux. Ces parades sont très variées, elles peuvent se manifester de façon sonore et/ou visuelle. On verra des espèces procéder à des voltiges incroyables, d'autres s'exprimeront par des danses curieuses exposant leurs habiletés et leur plumage. Ces chants et mouvements remplissent différentes fonctions, dont s'assurer que l'accouplement se fait entre individus de la même espèce. Ils pourront également stimuler et synchroniser le comportement reproducteur des partenaires.
À cela s'ajoutent d'autres formes de communication liées aux vocalisations des oiseaux. Elles se divisent en deux grandes catégories : les chants, généralement plus élaborés et mélodieux, et les cris, souvent plus courts et plus simples. Comme nous venons de le mentionner, les chants jouent un rôle important dans la reproduction, mais ce sera également le cas pour la défense du territoire. Les cris, pour leur part, vont plutôt servir d'alertes et les différentes modulations de ce cri peuvent même préciser la nature de la menace.
L'auteur nous glisse aussi quelques exemples de construction de nids qui relève d'une architecture remarquable, ce qui, pour Schollaert démontre «l'intelligence des oiseaux». Il ajoute que certaines espèces adaptent leurs techniques aux matériaux disponibles et aux contraintes environnementales dans la construction de leurs nids. Ce qui m'amène à soulever ma principale réserve à l'égard de son approche. Ce que font aujourd'hui les oiseaux en matière de stratégies d'alimentation, de reproduction, de communication, de déplacement migratoire, ne relève-t-il pas davantage de l'adaptation, de la sélection naturelle qui s'en suit et donc de l'évolution des espèces plutôt que de «l'intelligence».
Je ne m'attarderai pas à son tour d'horizon des comportements de nature intelligente des espèces d'oiseaux européens, sauf pour souligner que l'auteur reprend ce que l'on souligne généralement au sujet des corvidés. Les Corbeaux et les Corneilles sont présentés comme étant parmi les oiseaux les plus «intelligents». Il revient sur leur capacité à utiliser et à fabriquer des outils. Il sera question du fameux Corbeau calédonien qui est capable de compléter une série d'étapes et d'utiliser différents outils pour parvenir à obtenir la nourriture qui l'attend au bout du trajet. On nous rappellera que la création d'outils par cette espèce d'oiseau a été observée en milieu naturel et pas seulement en laboratoire.
L'ouvrage «L'intelligence des oiseaux» de Valéry Schollaert nous offre un survol des capacités cognitives des oiseux en les mettant en évidence via leurs comportements. Vous pouvez également lire la page Wikipedia portant sur l'intelligence des oiseaux pour obtenir un bref survol:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_des_oiseaux
Toutefois, je crois que les livres de Jennifer Ackerman, «Le Génie des oiseaux» (2017) et «La voie des oiseaux» (2020), vous en apprendrons davantage, tout en vous donnant les clés pour aller encore plus loin si vous le souhaiter.