mercredi 18 mai 2022

Ce que les oiseaux disent de nous – Une enquête ornithologique de Noah Strycker

 

J’ai complété la lecture de «Ce que les oiseaux disent de nous – Une enquête ornithologique» de Noah Strycker, (2018 pour la version française) initialement paru sous le titre «The Magic and Mystery of Birds: The Surprising Lives of Birds and What They Reveal About Being Human (2014). Il est intéressant de constater que Flammarion-Québec est jugé bon de traduire ce document de vulgarisation scientifique.


Le talent de Strycker pour l’écriture a été mis en évidence très jeune dans ses premières chroniques. Il est maintenant un ornithologue réputé et il a plusieurs livres à son actif. Mais il s’est surtout fait connaître pour avoir battu le record du plus grand nombre d’espèces d’oiseaux observé en une année dans le monde soit plus de 6000 espèces. Ce genre de record est communément appelé «Big Year» dans le monde ornithologique. Une aventure qu’il a racontée dans «Birding Without Borders». Strycker a réalisé cet exploit en 2015 et son record a été battu dès l’année suivante.

Dans «Ce que les oiseaux disent de nous» on est loin de la liste des espèces d’oiseaux à cocher. Il est plutôt question des comportements des oiseaux et ce que nous en avons appris en observant certaines espèces d’oiseaux. Le livre est divisé en trois grandes parties, la physiologie, la personnalité et l’intelligence.

Pour la première partie, il est notamment question de l’orientation avec les pigeons voyageurs, de l’odorat en parlant des Urubus à tête rouge, du lien étroit entre les populations de Harfangs des neiges et de Lemmings, etc. Dans la section suivante, il aborde la notion de seuil de perturbation ou de distance de fuite en parlant des Manchots Adélie. C’est dans cette partie que les liens avec les comportements humains prennent un plus grand intérêt, notamment en abordant la peur. Il y est aussi question du sens du rythme avec le célèbre moonwalk des Manakins à cuisses jaunes, de la hiérarchie chez les poules et de la mémoire du Cassenoix d’Amérique. Puis dans la partie sur l’intelligence, j’y ai trouvé du nouveau malgré mes lectures précédentes sur le sujet. Il y est question des oiseaux qui se reconnaissent dans un miroir, mais on va plus loin en soulignant que certains oiseaux peuvent reconnaître la personne qui vient fouiller dans leur nid (dans ce cas-ci un chercheur dans le cadre d’une expérience). L’idée de nounou de nichée chez les Mérions couronnés ou même de l’altruisme chez d’autres espèces. L’essai se termine avec la notion de monogamie chez l’Albatros. Vous pouvez comprendre que ces derniers sujets se prêtent aisément à des parallèles avec les humains.

Noah Strycker réussit à nous présenter des résultats de recherche scientifique en maintenant notre intérêt. Il parsème son essai de faits anecdotiques qu’il prend plaisir à nous raconter, on le sent. Puis les liens qu’il tisse avec les comportements et attitudes des humains rend le tout très divertissant. La lecture de ce bouquin m’a rappelé la «Petite philosophie des oiseaux» (2018) de Philippe J. Dubois et Élise Rousseau que j’ai lue l’an dernier. Il s’agit d’un ouvrage que l’on pourrait offrir à quelqu’un pour qu’il développe un intérêt pour les oiseaux.

L’index des espèces à la fin est pratique même si quelques noms d’oiseaux ne sont pas conformes à ceux que nous utilisons en Amérique. On applaudit également l’effort de l’éditeur qui a pris la peine de nous indiquer les ouvrages de référence traduits en français dans la bibliographie.


Une conférence TED de Noah Strycker:

https://youtu.be/AGgq5FdaaA8


Allez voir le moonwalk du Manakin à cuisse jaune vers 2m30 dans la vidéo:

https://youtu.be/eI_quJRRGxk