vendredi 26 février 2021

Un autre façon d'aborder l'histoire de l'ornithologie...


Callahan, David & Mitchell, Dominic  «A History of Birdwatching in 100 Objects» , Bloomsbury USA, 2014, 224 pages.

Ce livre d'histoire par l'objet a été produit par l' équipe de Birdwatch. L'idée du livre est née d'une série d'articles rédigés pour le magazine Birdwatch, un mensuel de Grande-Bretagne. Ils avaient examiné 25 objets, mais rapidement les lecteurs en ont proposé d'autres.  C'est ainsi qu'ils en sont venus à choisir 100 objets pour produire ce livre. On y trouve donc cent choses, découvertes ou événements redéfinis en «objets» qui ont profondément influencé la manière dont les gens ont découvert, observé, étudié et protégé le monde aviaire de la préhistoire à nos jours.


Nous aimons parfois souligner que le loisir ornithologique est une activité accessible puisqu'il ne nécessite que peu de chose pour le pratiquer. Un guide d'identification et des jumelles, voilà bien les deux «objets» de base..., mais il faudra bien prendre des notes, s'habiller convenablement, trouver où aller et s'y rendre... Puis, on ajoutera une lunette d'approche pour voir les oiseaux qui sont loin et pour ne pas les déranger. On voudra prendre des photos pour confirmer l'identification de l'oiseau et convaincre nos amis de ce que nous avons observé. Vous voyez que rapidement les «objets» s'accumulent!

Chaque «objet» est présenté sur deux pages et toujours accompagné d'une image (photo, illustration, reproduction), ainsi avec l'index très détaillé ça nous fait 224 pages fort intéressantes. L'objet en question est parfois le point de départ d'une question plus large. Par contre, même s'il est question de 100 objets, il y a des thèmes qui reviennent, à ce titre, la photographie fait l'objet de pas moins de 10 fiches associées à des innovations qui y sont liées. Curieusement, il y a aussi plusieurs «objets» d'associés aux outils de communication permettant ainsi la transmission de plus en plus rapide de la présence d'un oiseau rare (ex.: la cabine téléphonique, la pagette, etc.).

Revenons à nos deux «objets» de base; les jumelles font l'objet de la fiche «39 : Porro-prism binocular - 1894», l'année choisie correspond à la commercialisation des premières jumelles «modernes» par Carl Zeiss. Les deux pages portant sur les jumelles sont l'occasion de dresser l'histoire de cet outil d'observation. Ainsi, les jumelles avec prismes en toit furent également commercialisées d'abord par Zeiss en 1905. Puis c'est à l'item «52 : Peterson field guide -1934» qu'est présenté ce qui constitue le premier véritable guide d'identification utilisable sur le terrain.

Et voici maintenant quelques-uns des «objets» qui ont suscité chez moi un intérêt particulier. Tout d'abord, la fiche 14 qui aborde les «cabinets de curiosités du 19e siècle et plus particulièrement la photo qui l'accompagne. On y voit quelques centaines d'espèces de colibris dans un cabinet. Cet «objet» fait partie de la collection du Musée d'histoire naturelle de Londres. En ce qui concerne l'ensemble des fiches d'objets concernant la photographie, je m'étonnais de constater que la photographie des oiseaux a constamment accompagné l'évolution de la photographie, et ce dès le début, ce qui permet de disposer de photos d'espèces aujourd'hui disparues. Les auteurs ont également produit une fiche au sujet du carnet de notes des policiers de la Metropolitan Police puisqu’à cette époque ce carnet en particulier est aussi devenu celui de beaucoup d'ornithologues britanniques. Bien que je connaissais les événements, la fiche 31 au sujet des chapeaux à plume a attiré mon attention. La mode de ces chapeaux a failli faire disparaître l'Aigrette des neiges et les autres espèces apparentées. En Grande-Bretagne, c'est de la menace que représentait cette mode des chapeaux à plume que sont nées les premières organisations de protection des oiseaux. Les costumes de parade des militaires ont aussi été pris à partie. La fiche portant sur les fusils Winchester, le calibre 12 à canon double, nous rappelle qu'au début les ornithologues tuaient les oiseaux pour les identifier formellement, les cataloguer et les dessiner. Cet «objet» nous rappelle également l'importance des chasseurs dans la protection de la faune et plus particulièrement en Amérique du Nord. J'ai apprécié que les auteurs produisent une fiche au sujet du Sonogram. Plusieurs «objets» sont liés à l'enregistrement et l'étude des chants des oiseaux. Finalement, dès le début de ce texte, je mentionnais qu'il fallait «s'habiller convenablement», eh bien la fiche 67 porte sur l'invention du Gore-Tex par Robert Gore en 1969...

Il est donc certain que cette centaine d'objets saura certainement piquer votre curiosité. Et vous, quels objets auriez-vous choisis pour raconter l'histoire de l'ornithologie en Amérique ou au Québec ?

mardi 23 février 2021

Chez les pluviers, une reproduction réussie favoriserait la séparation du couple - Ornithomedia


Chez les pluviers (ou gravelots en europe), une reproduction réussie favoriserait la séparation du couple - Ce constat étonnant, fait en étudiant 14 populations de huit espèces du genre Charadrius, semble contredire l'explication répandue selon laquelle la séparation des partenaires serait le résultat d'un échec de la nidification. Les chercheurs ont plutôt constaté, pour une saison donnée, que les pluviers (gravelots) ayant quitté leur partenaire et abandonné leur couvée produisaient davantage de jeunes que ceux étant restés fidèles. 

Pluvier kildir
Photo: Robert Allie


Voici le lien vers le résumé: https://www.ornithomedia.com/breves/chez-les-gravelots-une-reproduction-reussie-favoriserait-le-divorce/

Source originale: Naerhulan Halimubieke (2020) et al. Successful breeding predicts divorce in plovers. Nature : scientific reports. Date : 23/09.


lundi 22 février 2021

Le Grèbe huppé est en forte progression en Norvège - Ornithomedia


Le ou la Grèbe huppé (Podiceps cristatus) est proche de notre Grèbe esclavon (Podiceps auritus) plus petites et qui niche uniquement aux Îles de la Madeleine.

Le Grèbe huppé est en forte progression en Norvège - Dans le sud-est du royaume, la population de cette espèce a pratiquement doublé depuis 1995, et une augmentation est aussi notée en Suède et en Finlande. Voici le lien vers ce résumé: https://www.ornithomedia.com/breves/le-grebe-huppe-est-en-forte-expansion-en-norvege/


Source originale: Svein Dale (2020). Breeding population increase and range expansion of the Great Crested Grebe Podiceps cristatus in southeastern Norway. Ornis Norvegica. Volume : 43. Pages : 4–16.


Le site web https://www.ornithomedia.com/ est très intéressant et il a le bénéfice d'être en français. Il y est régulièrement question des oiseaux d'Amérique du Nord.

samedi 20 février 2021

Twitter amplifie l'attrait des oiseaux rares - NY Times


Voici un autre article du New York Times portant sur l'attrait des oiseaux rares qui pourrait nuire à ces mêmes oiseaux. Nous connaissons ce problème ici au Québec, mais à une autre échelle. À New York, il est question de centaine de personnes en même temps qui tentent de voir l'oiseau en question. En 2018, c'était le Canard mandarin. En octobre dernier, c'était la Chouette rayée. Il  y a quelques semaines à peine, c'était le Harfang des neiges.

«Twitter Is Turning Birds Into Celebrities and Birders Against One Another - A Twitter account helped spread the word about rare birds in New York City, but publicizing their locations exposed a rift among birders» By Daniel E. Slotnik (Print Edition For New York City Birders, Twitter Alerts Upset a Pecking Order, February 16, 2021, Page A12)

Voici quelques extraits traduits avec la contribution de Google translate...

«D'un côté, il y a des gens désireux de diffuser l'emplacement de ces visiteurs volants sur les médias sociaux, ce qui, selon eux, permet aux ornithologues amateurs d'apercevoir des espèces qu'ils pourraient autrement ne jamais voir. De l'autre, les ornithologues amateurs croient que la publicité aveugle des emplacements des oiseaux sensibles attire des hordes de badauds, qui peuvent déranger les animaux et violent l'aspect fortuit de l'observation des oiseaux.»

«Le plus éminent des paparazzi aviaires est peut-être David Barrett, dont le compte Manhattan Bird Alert sur Twitter, qui compte plus de 42 000 abonnés, a transformé les oiseaux en célébrité. «Le principal attrait du compte est la grande qualité des photographies et des vidéos des oiseaux, mais les ornithologues amateurs sérieux reçoivent toujours leurs alertes d'oiseaux rares», a déclaré M. Barrett, ajoutant que son compte avait contribué à «rendre l'observation des oiseaux de tout le monde plus efficace».»

«Mais pour Ken Chaya, président de la Linnaean Society de New York, l’une des plus anciennes organisations d’observation des oiseaux de la ville, le récit de M. Barrett semble davantage axé sur l’autopromotion que sur la protection des oiseaux. «Il y a une ligne fine entre le partage d'informations sur un oiseau sensible et la création d'un flash mob», a déclaré M. Chaya, ajoutant que lorsque vous avez des dizaines de milliers d’abonnés, «vous ne pouvez pas tous les connaître, ni savoir comment ils se comportent.»»

«Jeffrey Gordon, président de l'American Birding Association, a déclaré que «l'observation des oiseaux est fondée sur le partage», mais «nous pensons qu'il est très important de tempérer cette impulsion de partager librement des informations en «comprenant les impacts réels de le faire».»

«Kathryn Heintz, directrice générale de New York City Audubon, a écrit dans un courriel que «parce que les hiboux sont facilement dérangés, nous ne tolérons pas l'affichage public de leurs emplacements».»
Logo de Twitter

 


mercredi 10 février 2021

Deux études étonnantes au sujet des œufs...


Le Merle d'Amérique rejette les oeufs du Vacher à tête brune

En considérant la stratégie de reproduction du Vacher à tête brune qui consiste à déposer ses oeufs dans les nids d'autres espèces, les chercheurs se sont demandé comment le Merle d'Amérique arrive-t-il pour sa part à se débarrasser des oeufs intrus qui se retrouvent dans son nid. Pour y arriver, les chercheurs ont fabriqué via l'impression en 3D de faux oeufs en plastique de différentes formes et tailles, peints en bleu pour leurrer les Merles.

Les résultats de cette étude ont démontré que plus les faux œufs étaient étroits, plus les Merles étaient susceptibles de les retirer du nid. Cependant, les Merles étaient plus hésitants pour jeter les oeufs de forme «bizarre» (ex. oeuf pointu à huit faces), mais qui étaient proches de la largeur de leurs propres œufs. Selon les chercheurs, les résultats suggèrent que les oiseaux utilisent des règles fondées sur leurs expériences lorsqu'ils décident de ce qui doit ou non être rejeté du nid. Essentiellement, les œufs de Vacher étant nettement plus larges que les leurs, les Merles peuvent avoir développé un sens de reconnaissance des oeufs intrus.

How an Eight-Sided ‘Egg’ Ended Up in a Robin’s Nest - An experiment by evolutionary biologists offers new insights into birds’ brains. By Veronique Greenwood, Jan. 29, 2021

https://www.nytimes.com/2021/01/29/science/robin-eggs-nest.html

Hauber Mark E., Winnicki Sarah K., Hoover Jeffrey P., Hanley Daniel and Hays Ian R. 2021«The limits of egg recognition: testing acceptance thresholds of American robins in response to decreasingly egg-shaped objects in the nest» in Royal Society Open Science, Vol. 8 Issue 1

https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.201615


L'habileté à voler prédit la forme des oeufs...

Les chercheurs ont identifié et catalogué les variations naturelles de la forme des œufs chez 1400 espèces d'oiseaux à partir de 50 000 images numériques d'œuf. Ils ont par la suite créé un modèle mathématique pouvant expliquer les variations. Ils ont ainsi recherché des liens entre la forme des œufs et les nombreuses caractéristiques des oiseaux. Les auteurs ont découvert que l'un des meilleurs prédicteurs de la forme des œufs est la capacité de vol, les oiseaux ayant la plus grande capacité de vol ont tendance à pondre des œufs plus longs et/ou plus pointus. La capacité de vol ou l'habilité de vol est ici mesurée par le «Hand Wing Index (HWI). Un HWI élevé est ainsi fortement associé aux oiseaux migrateurs, mais aussi aux oiseaux dont le régime alimentaire est essentiellement composé d'insectes. Il ne s'agit là que d'une corrélation, mais elle s'avère des plus intéressante.

Birds' ability to fly could determine the shape of their eggs - Not all eggs are created equal. By Aparna Nathan, June 22, 2017

https://www.popsci.com/bird-flight-egg-shape/

Claire N. Spottiswoode, «The most perfect thing, explained», Science, June 2017: Vol. 356, Issue 6344, pp. 1234-1235

https://science.sciencemag.org/content/356/6344/1234


Le «Hand Wing Index (HWI):

  • la distance entre l'articulation carpienne et l'extrémité de la plume primaire la plus longue (P1)
  • la distance entre l'articulation carpienne et l'extrémité de la première plume secondaire (S1)
  • la distance de Kipp est la différence entre (P1) et (S1) (DK)

Calcul de l'indice main-aile

L'indice main-aile (HWI) est ici défini comme 100 * (DK / P1) , où DK est la distance de Kipp et (P1) représente la longueur de l'aile. En effet, HWI est la distance de Kipp corrigée pour la taille de l'aile. Une hirondelle (Hirundinidae) et une perdrix (Phasianidae) peuvent avoir une distance de Kipp similaire, mais des indices HWI très différents. Le HWI fournit une meilleure indication des différences dans la capacité de vol. Un HWI élevé indique généralement des ailes allongées plus adaptées à un vol sur de longues distances, tandis qu'un HWI bas indique des ailes plus larges associées à un vol sur de courtes distances.


dimanche 7 février 2021

L'oiseau sauvage bagué le plus ancien au monde fait éclore un poussin


Wisdom, un Albatros de Laysan (Phoebastria immutabilis) est le plus ancien oiseau sauvage bagué connu au monde. Elle a fait éclore un nouveau poussin cette semaine à l'atoll de Midway. Les biologistes ont observé pour la première fois l'œuf le vendredi 29 janvier. Après plusieurs jours, le poussin a éclos le lundi 1er février. Wisdom et son compagnon, Akeakamai, sont ensemble depuis au moins 2012, lorsque les biologistes ont bagué pour la première fois Akeakamai. Les albatros ne pondent généralement pas d'œufs chaque année et lorsqu'ils le font, ils ne pondent qu'un seul œuf. Les biologistes estiment que Wisdom a fait éclore au moins 30 à 36 poussins au cours de sa vie. 

«Âgée d'au moins 70 ans, nous pensons que Wisdom a eu d'autres partenaires» - «Bien qu'ils soient compagnons pour la vie, les albatros peuvent trouver de nouveaux partenaires si nécessaire - par exemple s'ils survivent à leur premier compagnon.» - Beth Flint, biologiste du US Fish and Wildlife Service

«Chaque année que Wisdom revient, nous en apprenons davantage sur la durée pendant laquelle les oiseaux de mer peuvent vivre et élever des poussins» - «Son retour inspire non seulement les amateurs d'oiseaux du monde entier, mais nous aide à mieux comprendre comment nous pouvons protéger ces oiseaux de mer gracieux et l'habitat dont ils ont besoin pour survivre dans le futur.» - Beth Flint, biologiste du US Fish and Wildlife Service

Situé à l'extrême nord de l'archipel hawaïen, le Midway Atoll Refuge and Memorial est géré par le US Fish and Wildlife Service. Pour en savoir plus sur l'atoll de Midway: https://www.fws.gov/refuge/midway_Atoll/

Wisdom et son oisillon d'une semaine
Photo du US Fish and Wildlife Service


L'article original: https://medium.com/usfwspacificislands/worlds-oldest-known-banded-wild-bird-hatches-chick-at-midway-atoll-2708a0b3f2c0

Page Wikipedia de Wisdom: https://fr.wikipedia.org/wiki/Wisdom_(albatros)#:~:text=Wisdom%20est%20une%20femelle%20albatros,alors%20re%C3%A7u%20le%20matricule%20Z333

lundi 1 février 2021

La population de Crécerelles d'Amérique est en baisse...


La population de Crécerelles d'Amérique est en baisse constante depuis les années 1970, mais les causes de ce déclin doivent encore être identifiées. En organisant un nouveau projet avec des collaborateurs de l'est des États-Unis, Hawk Mountain prend la tête de la réponse à cette question. À partir de cet hiver, leurs chercheurs ont commencé à étudier la survie hivernale des Crécerelles d'Amérique en Floride et sur les terres cultivées près de Hawk Mountain pour comprendre pourquoi la population de Crécerelles diminue.

Photo: Robert Allie


Des émetteurs radio ont été déployés sur 20 crécerelles dans les deux aires d'hivernage ainsi que des bandes de couleurs pour que l'identification visuelle soit facilitée pour chaque oiseau. Des efforts semblables seront réalisés en 2021 en Pennsylvanie, au New Jersey et au Massachusetts.


Photo: Robert Allie

Si vous voyez une Crécerelle d'Amérique avec une bande de couleur ou un fil d'antenne collé dans son dos, n'oubliez pas de contacter Hawk Mountain pour signaler votre observation ! Signaler votre observation à : therrien@hawkmountain.org ou info@hawkmountain.org.

Le projet du Hawk Mountain Sanctuary: https://www.hawkmountain.org/conservation-science/active-research/raptor-conservation-studies/american-kestrels