lundi 30 novembre 2020

Déclin des populations de Plongeon huard? - Première Partie


L’ornithologie amateur permet la participation active à plusieurs programmes de science citoyenne visant la conservation. Un de ceux-là est l’Inventaire canadien des Plongeons huards. Les ornithologues, les familles, les propriétaires riverains, les pêcheurs et les plaisanciers peuvent tous participer à la surveillance de leur lac favori. Si vous passez régulièrement du temps sur le bord d’un lac, vous aussi pouvez être un citoyen scientifique.

«Depuis 1981, les participants à l’Inventaire canadien des Plongeons huards assurent le suivi de la nidification de l’espèce en surveillant l’éclosion des œufs et la survie des jeunes. Ils passent au moins trois jours chaque été à explorer leur lac, une fois en juin (pour voir s’il y a des couples sur place), une fois en juillet (pour voir s’il y a des nouveau-nés) et une fois en août (pour voir si les petits vivent assez longtemps pour prendre leur envol). De plus, en étant impliqués dans leur surveillance, les participants respectent davantage le territoire des Plongeons huards ainsi que l’ensemble des autres espèces présentes sur le lac et autour.» - Oiseaux Canada

Cette aide bénévole inestimable permet aux chercheurs de faire progresser les connaissances au sujet des populations de Plongeons huards. Je vous présente brièvement deux études publiées récemment.

La première a pour titre «Drivers of declines in common loon (Gavia immer) productivity in Ontario, Canada». Voici ce qui en ressort...

Les Plongeons huards (Common loon / Gavia immer) sont des prédateurs qui dépendent de la nourriture que les lacs peuvent leur fournir pour maintenir leur population. Le succès de la reproduction du Plongeon huard est reconnu comme un indicateur important de la qualité d’un écosystème aquatique. Les données existantes indiquent une baisse de la productivité de la reproduction dans certaines parties de l'aire de répartition du Plongeon huard en Ontario. Les chercheurs tentent d’établir les raisons de cette baisse.

Pour y arriver, ils ont analysé 38 années de données sur la reproduction du Plongeon huard provenant de plus de 1 500 lacs à l'aide des données du «Canadian Lakes Loon Survey», un programme de science citoyenne géré par Oiseaux Canada qui se déroule partout au Canada et en Ontario depuis 1981. Dans l'ensemble, ils estiment qu’il y a effectivement une tendance à la baisse de la reproduction du Plongeon huard en se basant sur le nombre de jeunes de six semaines par couple et par année en Ontario entre 1981 et 2018. Ils ont évalué l'influence de 14 facteurs sur le succès de la reproduction des huards. Ils ont notamment identifié qu’un niveau de pH bas et un taux de mercure plus élevé étaient associés à la baisse de la productivité de la reproduction des Plongeons huards.

Un résumé en une image

Ils ont également démontré que la superficie du lac, la longitude et la température au mois d'avril peuvent prédire le nombre de jeunes de six semaines par couple par an. Ils ont également fourni des preuves supplémentaires que le développement des berges et les perturbations humaines ont peu d'influence sur la reproduction et la croissance des poussins. Ils croient aussi que leurs résultats indiquent que les Pygargues à tête blanche et les Cormorans à aigrettes sont des facteurs relativement peu importants.

En fait, ils en viennent à émettre l'hypothèse que le stress induit par les changements climatiques, agissent par le biais de multiples voies d'interaction impliquant l'acidité des lacs (pluie acide), la contamination des poissons au mercure, l'abondance des poissons, la taille du lac et son emplacement géographique, peut expliquer la baisse de la reproduction du Plongeon huard. Ils souhaitent que leurs résultats soient utilisés pour cibler les futurs efforts de recherche et de conservation afin d'aider à comprendre et à atténuer les menaces pesant sur les populations de Plongeon huard. Il faudrait notamment documenter l’augmentation à long terme de la contamination des poissons par le mercure due au climat et par conséquent également mesurer la concentration de mercure dans les Plongeons huards. La contamination par le mercure est connue pour réduire la productivité de la reproduction des huards.

Pour consulter l’étude :

https://tla-temagami.org/wp-content/uploads/2020/06/Drivers-of-Decline-in-Common-Loon-Productivity-in-Ontario-Science-of-the-Total-Environment-2020.pdf

Pour le programme de science citoyenne «Inventaire canadien des Plongeons huards» :

https://www.oiseauxcanada.org/etudier-les-oiseaux/linventaire-canadien-des-plongeons-huards/


mercredi 25 novembre 2020

Le comportement des oiseaux... et leur génie

 

Le comportement des oiseaux...

Sur ce thème, je vous invite à prendre connaissance de ce bouquin:
Jennifer Ackerman, «Le Génie des oiseaux», Marabout poche, mai 2019, 511 p.
ISBN : 9782501141222 (2501141229)


Publié pour la première fois aux États-Unis en 2016, sous le titre «The Genius of Birds» par Penguin Books avec des illustrations de John Burgoyne. La version française en grand format a été publiée en 2017, Éditions Marabout, une traduction de Patrice Salsa. Jennifer Ackerman vient également de publier «The Bird Way - A new look at how birds talk, work, play, parent, and think», Penguin Press, 2020, 368 p.


Avec le  «Le Génie des oiseaux», nous ne sommes plus dans les comportements des oiseaux que nous pouvons observer chez nous. Il y est question de «l'intelligence» des oiseaux. Elle s'attarde à démolir le mythe de la «cervelle d'oiseau» en s'appuyant sur la science. Dès le premier chapitre, vous ferez la rencontre de Louis Lefebvre, biologiste et psychologue à l’université McGill qui fera état de ses propres recherches.

dimanche 22 novembre 2020

Où observer les oiseaux… (Partie 2)


Dans la première partie du texte «Où observer les oiseaux», j’ai surtout dirigé votre attention vers des outils spécialisés, c’est-à-dire destinés expressément à des ornithologues amateurs. Vous savez, la beauté de ce loisir scientifique qu’est celui d’observer les oiseaux, c’est que nous pouvons le pratiquer n’importe où! Dans cet esprit, comme ornithologue on peut se permettre d’explorer le territoire et le guide idéal pour se lancer à l’aventure c’est «Randonnée pédestre au Québec» de Yves Séguin, Ulysse, 2020, 384 pages et 35 cartes, c’est la 9e édition qui est parue cette année. On y retrouve plus de 250 lieux possibles pour observer les oiseaux et en bonus les endroits les plus propices sont identifiés par un oiseau. Les premières pages sont d’ailleurs très


pertinentes en ce qui concerne la préparation de vos sorties en plein air (bottines, habillement, sac à dos, etc.). 


Continuons à explorer afin d’éviter l’étiquette accolé aux ornithologues à l’effet que nous fréquentons toujours les mêmes endroits (Est-ce vrai d’ailleurs?? C’est à vérifier…). Tous ces outils pour identifier «Où observer les oiseaux» nous donnent de bonnes pistes pour se lancer à la recherche de nouveaux endroits. Tout d’abord, on s’entend que les Parcs nationaux du Québec et les Parc nationaux du Canada sont des lieux privilégiés pour l’observation des oiseaux. Cette idée nous mène tout droit vers ce qui constituent des «aires protégées» au sens large… Il y a derrière cette expression tout un enchevêtrement d'appellations provinciales, fédérales et internationales. Un même endroit peut-être désigné sous plusieurs appellations et il peut aussi être inclus dans une zone plus grande qui porte un autre nom. Ainsi, prenons comme exemple simple, le Mont-Saint-Hilaire, il s’agit d’une Réserve naturelle privée (Gault-McGill) qui fait partie d’une réserve de biosphère de l’UNESCO et le piedmont est aussi constitué en Réserve naturelle privée qui elle appartient au Centre de la Nature (si je ne me trompe pas…). Autre exemple, le Québec compte 28 Refuges d'oiseaux migrateurs (ROM), ces refuges sont d’excellents endroits pour observer certains oiseaux. Eh bien, la plupart de ces endroits sont aussi des Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO). Le programme des ZICO est une initiative de conservation internationale coordonnée par BirdLife International. C’est Nature Québec qui assure la coordination du programme à l’échelle du Québec. Je vais m’arrêter ici car nous allons nous perdre dans les définitions de ces territoires. La citation qui suit ce paragraphe vous en convaincra. De plus, la majorité d’entre eux se trouve répertorié dans les guides et outils précédemment mentionnés. Dirigeons-nous plutôt vers une échelle plus locale, voire municipale.

«Aujourd’hui, le Québec possède un réseau d’aires protégées qui utilise 32 désignations juridiques ou administratives différentes. Ces aires protégées forment un réseau de 4 892 sites et couvrent un large spectre, allant des réserves écologiques aux parcs nationaux, en passant par les réserves de biodiversité et aquatiques, les habitats fauniques, les réserves nationales de faune et les milieux naturels en terres privées voués à la conservation. Ces aires protégées sont administrées par diverses instances gouvernementales, personnes morales ou individus.» - Gouvernement du Québec
http://www.environnement.gouv.qc.ca/biodiversite/aires_protegees/registre/index.htm

Les ROM: https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/refuges-oiseaux-migrateurs/ensemble.html#_ROM_QC

Les ZICO: https://naturequebec.org/projets/programme-zico/

Au niveau de votre municipalité ou même de votre quartier, à quel lieu pensez-vous pour s’y rendre observer les oiseaux? Bien sûr, il y a des parcs municipaux, certains pourraient convenir surtout s’il y a un plan d’eau. Avez-vous pensez aux cimetières? Ces endroits prévus pour le repos éternel bénéficient souvent d’arbres matures ou même fruitiers et d’une tranquillité propice à l’observation et à l’écoute des chants d’oiseaux. Les barrages (ou écluses) créent souvent des conditions idéales pour certains oiseaux aquatiques. Les quais, descentes de bateaux ou marina peuvent être de bons points d’observation, il faut les expérimenter. Les terrains de golf et les campings peuvent parfois donner accès à des petits bijoux de point d’observation. Plus récemment, les pistes cyclables ont créé des «sentiers» faciles d'accès qui traversent parfois un boisé, un champ cultivé et si vous êtes chanceux un ruisseau, immanquablement vous y trouverez des oiseaux. Il est également possible que certains de vos concitoyens aient aménagé un espace vert expressément pour accueillir les oiseaux. Ces gens aiment bien partager leur passion, mais généralement à petite dose...

Ce qui m'amène à vous dire (ou écrire) quelques mots au sujet des lieux «PRIVÉS». Je commencerais par cette citation tirée du guide de 1991 de Pierre Bannon.

«Ce guide comprend la description de quelques sites se trouvant sur des propriétés privées. Ceci n’est pas une invitation à y circuler sans autorisation. Comme il se doit, le visiteur doit donc s’assurer d’obtenir la permission du propriétaire avant de circuler sur une propriété privée.» - Pierre Bannon

Malheureusement, je crois que les touristes, les photographes, les randonneurs et même les ornithologues n’ont pas toujours demandé la permission pour se stationner et circuler… Je n’en suis qu’à ma troisième années d’observation plus intensive des oiseaux et je constate que les propriétaires terriens et riverains sont de plus en plus réticents. Les panneaux «Stationnement interdit» ou «Terrain privé / ne pas circuler» se multiplient, des clôtures se ferment. Ce constat n’est pas scientifique, mais c'est une impression déplaisante que je vous partage. Je vous invite donc à explorer votre quartier, votre municipalité et plus encore, mais soyez prudent et faites-le dans le respect.

vendredi 20 novembre 2020

Où observer les oiseaux… (Partie 1)


Je préfère aborder ce sujet en disant «Où observer les oiseaux?» plutôt que de parler des «meilleurs sites d’observation» des oiseaux. La notion de sites est vague et les sites se multiplient rapidement, alors que des «endroits», le «où observer», il y en a moins. Voyez ce que je veux dire par cet exemple; prenons le «Bassin de Chambly» que je qualifierais «d’endroit où observer les oiseaux», cet endroit dispose d’au moins six sites publics...

Le premier outil pour identifier des endroits où observer les oiseaux c’est eBird. eBird affiche 3 432 «sites publics» pour le Québec, en principe vous devriez en avoir assez… :-) Il peut vous les afficher sur une carte et vous donner l’itinéraire pour vous y rendre… Sur le territoire de la SOVDR il y en a 76 de ces sites répertoriés. Cette notion de «sites publics» a certainement fait l’objet de longue discussion parce qu’elle traduit l’expression «Hotspot» utilisée en anglais… les 3 432 sites ne sont pas tous «Hot» et ils ne sont pas tous publics… De plus, avec sa fonction «Explorer» eBird Mobile peut même vous afficher les sites publics à proximité de votre position (GPS), ce n’est pas beau ça!

Cependant, eBird ne vous dit pas tout. Il est probable que l’itinéraire pour vous rendre à un lac vous amène au milieu du lac en question… Vous ne saurez pas si l’endroit est véritablement public, où se trouve l’endroit approprié pour stationner, est-ce que l’accès est gratuit, est-ce qu’il y a des toilettes, etc. C’est là qu’interviennent les descriptions détaillées écrites par des gens qui ont déjà visité les lieux avant vous.


Des passionnés d’observation des oiseaux ont regroupé ce genre de descriptions sous la forme de guides. Le plus récent est celui de Jean Paquin, «
Où observer les oiseaux au Québec - Les meilleures sites», 2006 , Quintin, 344p. Il répertorie une centaine de sites ou d’endroits… À noter que l’ouvrage s’ouvre sur une préface de Pierre Bannon. Je le souligne parce que Pierre Bannon a publié l’un des premiers guides du genre. Je vais y revenir. Notre autre guide québécois est encore plus volumineux, c’est celui de Jean-Pierre Pratte, «Guide des sites d'observation d’oiseaux du Québec», 2007, Broquet, 486p. qui lui répertorie plus de 500 sites. Il est issu d’une mise à jour et d’une refonte des deux volumes des «Petit répertoire ornithologique du Québec» publiés par Pratte en 2002 toujours chez Broquet. Cet article du Courrier de Laval fait état d’un constat intéressant de la part de monsieur Pratte concernant les sites d’observation: https://courrierlaval.com/de-moins-en-moins-de-sites-dobservation-des-oiseaux/

Ces guides vous indiquent généralement pour chaque site quelles espèces vous pourrez observer et des cartes à grande échelle 2-3 cm pour 500 m qui précisent l’aménagement des lieux. Malheureusement, lorsque l’on tente d’être plus exhaustif on doit couper dans les explications pour éviter de rédiger une encyclopédie et à cet égard le guide de Paquin me semble plus intéressant.

En fait, le guide de Jean Paquin semble justement s’inscrire dans le même esprit que celui que Pierre Bannon avait rédigé en 1991 «Où et quand observer les oiseaux dans la région de Montréal
», SQPO, 361p. On y retrouve 55 sites répertoriés et les descriptifs sont très bien écrits. Deux choses à noter, ici la notion de «région de Montréal» est très élastique… Elle inclut une partie des basses Laurentides, une partie de la Montérégie et l’on se rend jusqu’à la Baie-du-Febvre au Centre-du-Québec. L’autre chose c’est que vous pouvez visualiser en ligne les sites d’observation identifiés puisqu’ils se retrouvent sur la page web «
Les oiseaux du Québec» .
Il y a aussi eu à la même époque la publication du guide de Normand David, «Les meilleurs sites d’observation des oiseaux au Québec», 1990, Québec Science, 311p. Un précieux guide des «meilleurs sites» du Québec. Pour chaque site, on indique la période propice pour l'observation, une carte, des conseils d'accès et les attraits ornithologiques. En plus, l'index répertorie toutes les espèces mentionnées dans le texte. Par contre, il semble plus difficile à trouver.

Ces deux guides du début des années 90 donnent beaucoup d’informations sur les sites répertoriés, mais je crois que vous obtiendrez encore plus de détails dans les guides produits par les clubs d’ornithologues. Ce n’est pas une garantie, mais c’est souvent le cas… On décrit moins de sites et on donne plus d'informations. Par exemple, le Club des Ornithologues de la Gaspésie a publié le «Guide des Sites ornithologiques de la Gaspésie» en 2004, 41 sites y sont répertoriés, vous y trouverez également la liste et le statut des 341 espèces d'oiseaux de la Gaspésie, 246 pages. D'ailleurs, un circuit ornithologique de 7 jours parcourant 565 km de Matane à New Richmond a été mis sur pied à partir de ce guide : https://www.quebecmaritime.ca/circuits-et-sejours/l-ornithologie-en-gaspesie


J’ai aussi bien aimé le guide «
Où observer les oiseaux sur la Côte-Nord» publié par le Club d’ornithologie de la Côte-Nord en 2004, 48 sites répertoriés avec une liste des oiseaux observés sur la Côte-Nord et et leur statut, 229p. L’organismes montréalais Protection Oiseaux Québec (Société Québécoise de Protection des Oiseaux) et éditeur du guide de Bannon a préparé une liste des 100 meilleurs sites d’observation des oiseaux autour de Montréal et ailleurs au Québec. Ce document est disponible en format PDF sur leur site : https://pqspb.org/bpqpoq/observation/birding-locations-montreal-and-province-of-%20quebec/?lang=fr

Plus récemment, le Club des ornithologues du Bas-Saint-Laurent a mis en ligne 17 fiches (pages web) qui décrivent de façon fort pertinente les meilleurs emplacements du Bas-Saint-Laurent : https://cobsl.ca/sites-vedettes.html

Je n’ai pas fait le tour de la trentaine de clubs ou sociétés ornithologiques que compte le Québec, mais je sais que plusieurs ont produit ce genre d’outil décrivant plus précisément les meilleurs endroits pour l’observation des oiseaux sur leur territoire.